mercredi 12 mars 2008

Nan, le football n'est pas (toujours) un placement financier!! sauf si...




Opération simple à priori mais pouvant se révéler périlleuse, l'achat d'un club par des investisseurs, sous des dehors "purement" sportifs, ne révéle le plus souvent que des opérations immobilières. D'expérience, on peut dire qu'investir dans le football pour la beauté du geste relève de l'inconscience ou du mensonge le plus éhontée.

Pourquoi?

Vous connaissez beaucoup d'affaires juteuses où la main-d'oeuvre est bien rémunéré dont une qui est très chère (joueurs vedettes)?

Vous investisserez dans un club où les actifs sont très volatiles ( Un Messi blessé et votre capital joueur s'effondre)?

Vous placeriez votre retraite dans les actions d'un club avec comme épée de Damoclès l'aléa sportif ( Liverpool qui perd contre un club de Troisième zone en Cup) d'un week end sur l'autre?

Non. Evidemment ou rationnellement non.

Nous revenons donc à des buts inavoués que d'investir aujourd'hui dans un club de football. Ne croyez pas tout le bla-bla sportif fait pour tranquilliser les naïfs et les con-plaisants.
Bon, c'est pas tout. Comme dans tout bon thriller, il faut une cible, des motifs, des suspects et des témoins.

La cible:

Un club endormie, au glorieux passé (ou pas),
disposant d'un public fervent et nombreux (si possible pour remplir le stade) et
surtout propriétaires d’actifs tangibles, physiques, revendables (comme par
exemple des stades, mais ils auront en outre tout intérêt à acquérir des centres
commerciaux, des magasins d’articles de sport, etc.)

Ainsi, l'OM répond aux deux premiers critères mais pas au troisième( le stade appartenant à la Mairie). Liverpool répond aux trois critères PLUS à un goodwill inestimable (Liverpool, son Kop, Les Beatles....).

Motifs (avouables à court terme et non avouables au delà)

A court terme : rassurer ces mêmes supporters de la volonté de pérenniser le club à travers une stabilité de l'actionnariat, une amélioration des résultats, une politique des transferts ambitieuses.

Mais, quand on est un fonds d'investissement, l'objectif avoué est tout autre.

Ainsi,
à moyen terme (le long terme n'existe pas pour les fonds), l'objectif est de vendre les actifs du club, le plus souvent situé en plein centre ville et de réaliser une opération financière des plus juteuses. Au prix du mètre carré dans les centres ville, vous imaginez la plus value monstrueuse quand vous avez acheté à prix bradé comme Colony Capital à Paris ou pour un franc(euro, dinar, dirham) symbolique surtout quand le club n'a pas énormément de dettes (cas d'école avec un club marocain du nom du FUS). Liverpool est également dans ce cas. Ainsi, si ce propriétaire détient 100% des actifs, le stade pourra être transformé en mall, friterie ou garage si ça lui plait.
Pour rappel, l'opération pourra être bloqué si existence d'une minorité de blocage (33%)

Profils de ces serials acquéreurs

Maintenant, vous pouvez avoir différents profils d'acquéreurs.

Les plus dangereux
pour un club sont les purs spéculateurs qui n'investisseront pas un sous, si ce n'est les frais de fonctionnement classiques car, encore une fois, ils ne sont pas là pour payer des joueurs en short mais pour GAGNER de l'argent. ex : ils sont nombreux et la flambée des prix immobiliers les a sorti du bois. En général, ils ne connaissent rien au football et le voient comme un nouvel eldorado.En fait, je m'explique, l'eldorado, c'est pas le football en soi (nan, ça rien à fOOT--re), mais le terrain du stade, les annexes de ce club etc...à travers lesquels on projette déjà des "mega" complexe résidentiels ou autres.

Les bâtisseurs : race à part dans le football et qui a du s'éteindre à l'orée des années 2000. Investissent d'abord dans un projet sportif avec comme ambition unique d'être le meilleur dans son métier. ex: Berlusconi avec Milan, Aulas avec Lyon . Les droits télé assurent alors plus de 60-70% du chiffre d'affaires.

Les cachottiers : Ceux là ont des choses à se faire pardonner et le sport leur permet de blanchir leur image et leurs capitaux. En effet, le football de haut niveau peut être un merveilleux agent de blanchiment. Nous avons tous en mémoire des joueurs inconnus valorisés à quelque millions d'euros du jour au lendemain et dont le transfert d'argent donne lieu à la panoplie habituelle des lessiveurs : retrocommissions, primes non déclarés, transfert via 5 ou 6 paradis fiscaux...;Les Abramovitch (pas de preuve encore), Khalifa, Joorabchian...un Abramovitch veut, via Chelsea faire oublier l'origine mystérieuse de sa fortune.


Les empêcheurs de tourner en rond (ou Syndrome de l'inspecteur Colombo)

Ils existent et sont affublés de drôles de tenues. Oh, mais bien sûr, ce sont ces supporters qui, sous prétexte de ce même passé nostalgique, refusent d'être relogés ailleurs, dans un meilleur stade, avec des glaces coûtant deux fois plus chers et des tickets trois fois plus élevés pour voir leur équipe jouer à 15-20 km plus loin que précédemment. Quel rabat joie et quel refus de la modernité. Enfin, ceci est valable quand ces mêmes supporters existent.

Les autres gardes fous sont, par exemple en France, les mairies qui louent leur stade communal ou ont un droit de regard via les subventions accordés.

Ainsi, des clubs prestigieux comme l'Inter, la Roma ne font que louer à la mairie leur stade et celui ci ne peut être intégré dans la valorisation de ces clubs. Donc, moins intéressants pour d'hypothétiques acheteurs (Vous ne verrez jamais parler de ces clubs pour être rachetés).
Un contre exemple cependant : l'OM. Mais, bon, l'acheteur s'est révélé être un escroc ce qui ne nous a pas étonné au vu du prix proposé à Dreyfus, PDG de l'OM (5 fois le prix du rachat du PSG par Colony soit 110 millions d'euros).

Dernier garde-fou : La justice. Car, comme il a été démontré via des procès retentissants, le football est un excellent vecteur pour divers escrocs ( les Dills, Courbis, Big Sam Allardyce, Redknapp, Zivv...) d'arrondir leur fins de mois via des commissions douteuses.
D'autres, plus institutionnelles se serviront sur la bête et mèneront à bien leur juteuses plus-values immobilières, particulièrement si face à eux, ils n'existent ni supporters véhéments, ni mairie vigilantes, ni opinion publique scandalisée. Alors, à nous le magot et bras d'honneur aux supporters d'en face.

Moralité : Le sport professionnel c'est bien. Les Bénéfices Professionnels c'est mieux (disent-ils)